Le Langage des fleurs
en cours
Dans « Le Langage des fleurs », Bataille donne à entendre que la fleur a toujours été un objet fictionné, c’est-à dire quelque chose qui s’élabore avec ma pensée, parce que ma pensée est mon langage, et que mon langage fait être la chose. Et par suite, fictionnel, puisque, qui dit donation par la parole dit disparition de la chose comme chose. Il y a selon lui un inévitable excès des mots sur les choses, une fatale trahison de la réalité des choses par les mots. Du coup, dans l’incessante profusion des signes et des symboles, le langage des fleurs en devient suspect.
La fleur « symbole de l’amour » a en définitive « l’odeur de la mort ». Il y a une certaine désinvolture à se débarrasser de cette « banalité écœurante » en l’identifiant comme ils l’ont tous fait (poètes, philosophes, littéraires) à la Beauté idéale. C’est pour Bataille un symbolisme trop facile. Car tout se passe comme si cette surface
de l’être et cet idéal s’affirmaient aux dépens d’une vérité plus profonde, constamment maintenue en lisière quand elle n’est pas niée : que le désir et l’amour n’ont que très peu à voir avec la Beauté idéale, sauf à la flétrir et à la souiller. Voilà où voulait en venir Bataille dans « Le Langage des Fleurs ». D’une certaine manière,
il semblerait que sa prédilection pour les positions basses, l’impur, l’immonde, attestée par les articles de Documents, constitue le point de départ d’une recherche qu’il nourrira toute sa vie, recherche de ce qui est souverain, c’est-à-dire de ce qui n’est subordonné à aucune transcendance et à aucune fin.
Cette ensemble rend compte également de la décadence du monde...